Un orphelin avait perdu en un court intervalle père et mère, et entra chez des étrangers où on l’employa à toutes sortes d’ouvrages, surtout à faire des commissions. La veille de Noël, l’enfant qui avait l’habitude de passer cette soirée près d’un bel arbre et de recevoir des cadeaux de ses parents fut envoyé en course. Pendant qu’il longeait les maisons, il fut saisi de tristesse en voyant partout des fenêtres illuminées, et à l’intérieur, des arbres de Noël resplendissant de bougies. Tout cela lui rappelait ses parents défunts, les joies qu’il avait goûtées autrefois en ce jour, et il se dit :
« L’Enfant Jésus ne vient pas chez moi aujourd’hui. Ah ! si je pouvais aller chez lui ! » Bientôt après, il passa près du cimetière où se trouvait la tombe de ses parents, et voyant la porte ouverte, il y entra et se dirigea vers l’endroit où reposaient ses chers défunts. S’agenouillant, il dit en sanglotant : « Mère chérie, je tremble, car je suis tout seul sur la terre. Priez Dieu qu’il m’appelle aussi près de lui dans le ciel. Ah ! que ne puis-je aller encore aujourd’hui au ciel de l’Enfant Jésus et vous y retrouver. » À ces mots, il entendit le sifflement strident de la locomotive dans la gare toute proche. Ce coup de sifflet le tira de ses rêveries et il courut à la gare demander au guichet un billet pour un voyage « chez l’Enfant Jésus. » L’employé surchargé de travail chassa rudement l’enfant, mais le petit ne perdit pas l’espoir de s’embarquer pour le ciel et s’adressa au conducteur du train en le suppliant de l’emmener « chez l’Enfant Jésus. » Le conducteur sourit et lui dit : « Le train pour le ciel viendra plus tard. » L’enfant le crut et s’assit sur l’un des bancs, qui se trouvaient devant la gare, pour attendre le train. Très légèrement habillé, souffrant de la faim et de la fatigue, il s’endormit bientôt et n’entendit plus les trains suivants qui passaient… la nuit était extrêmement froide. Le lendemain matin, les employés qui balayaient et nettoyaient le quai trouvèrent l’enfant étendu sur le banc ; ils voulurent le réveiller, mais le pauvre petit était raide et semblait mort de froid. Aussitôt, on l’enveloppa dans des couvertures et on le transporta dans le couvent voisin des Frères de la Miséricorde ; mais toutes les tentatives pour le ranimer furent vaines. Il était mort de froid et avait fait son beau voyage « chez l’Enfant Jésus. »
Source : Recueil d’exemples appliqués au catéchisme populaire de François Spirago, No 545