P. Manuel de María Sainz, OP
C’est un après-midi agréable, dans la lumière douce et mélancolique du soir, les enfants éduqués avec Thomas au monastère de Monte Cassino s’amusent amicalement.
Soudain, le plus beau de ces innocents s’éloigne du groupe affairé, leva les yeux vers les nuages, croisant les mains sur sa poitrine il reste ainsi pendant un long moment. Ce garçon est Thomas d’Aquin adorant son Créateur reflété dans la nature, dans laquelle il commence déjà à étudier les merveilles de Dieu.
Un moine qui passait par là observa avec étonnement l’attitude énigmatique de Thomas. Il s’approcha de lui et lui demanda quelle était la cause de son désarroi. Deux larmes roulèrent alors comme deux perles sur le visage resplendissant de l’enfant angélique, qui, sortant de l’extase miraculeuse où il se trouvait, répondit :
— Je m’efforce de comprendre Dieu. Maître, parlez-moi de mon Créateur. Dites-moi, qui est Dieu ?
Émerveillé par l’attitude noble et valeureuse de ce petit garçon, qui semblait être descendu du mont Sinaï à cet instant, le moine tenta de lui expliquer avec une immense douceur quelque chose de la grandeur du Seigneur. Le garçon écoutait attentivement, et lorsque le maître eut terminé, il dit
— Je vois mon Dieu reflété dans la nature. Je le sens et l’entends dans une multitude de merveilles qui sont comme les pas avec lesquels mon âme marche vers le ciel… mais je voudrais connaître de plus près le Seigneur de toutes choses.
Le moine resta silencieux, surpris par la grandeur de cette âme et par les trésors de connaissance et de vertu cachés dans le cœur innocent du petit Thomas. Lorsqu’il rapporta aux autres religieux sa conversation avec l’enfant, ils ont certainement répété avec étonnement la question posée par beaucoup de ceux qui avaient été témoins des merveilles accomplies à la naissance de Jean le Baptiste : « Que sera donc cet enfant ? En effet, la main du Seigneur était avec lui. » (cf Lc 1, 66).